Un avant-goût de SOUL

La toute première bande-annonce de Soul, le prochain long métrage d’animation PIXAR, du réalisateur de Vice-Versa, vient de paraître.

Soul sera porté par Pete Docter, qui s’est déjà illustré chez le studio d’animation américain avec Là-haut et Vice-Versa, et a participé à la création de Toy Story, Monstres et Cie ou encore Wall-E. Le réalisateur a indiqué que Soul tentera de répondre à une question essentielle : « Que se passe-t-il quand une âme qui ne veut pas mourir est coincée avec une âme qui ne veut pas vivre ? ». Le titre, ce commentaire et le synopsis du film d’animation suggèrent clairement des thèmes spirituels abondants. Il faut savoir que Pete Docter est un chrétien convaincu et pratiquant. Dans une entrevue radiophonique il y a plusieurs années, Docter a parlé ouvertement du rôle que sa foi joue dans son travail et sa créativité : « Il y a des années, quand j’ai parlé pour la première fois dans une église, j’étais un peu nerveux à l’idée d’évoquer ma foi et mon travail. Il n’y avait pas vraiment de lien. Mais de plus en plus, il me semble qu’il y a une connexion qui s’établit. Je demande l’aide de Dieu, et ça a définitivement affecté ce que je fais. Ça m’a notamment aidé à me calmer et à me concentrer. Il y a eu des moments où j’étais trop stressé par ce que je faisais, et maintenant je prends du recul et je dis : « Dieu, aide-moi à traverser ça. » Cela vous aide vraiment à garder une perspective sur les choses, non seulement au travail, mais aussi dans vos relations. »

Pete Docter

Mais ce n’est pas pour autant que Docter se voit dans une mission évangélisatrice dans son travail. Du moins de façon direct comme le font certains studios de production ouvertement identifié de la sorte. Pour lui, sa préférence va à raconter des histoires qui ont des messages plus implicites qu’explicites. Il explique les choses ainsi : « Pour moi, l’art consiste à exprimer quelque chose qui ne peut pas être dit en termes littéraux. Vous pouvez utiliser des mots pour le dire, mais le but est toujours légèrement hors d’atteinte des mots, et il faut faire de votre mieux pour communiquer quelque chose qui vous dépasse ». Il rajoute : « S’il faut déclarer ‘une morale’ ouvertement, toute la puissance se perd. Je ne pense pas d’ailleurs que les gens aiment qu’on leur fasse la morale. Quand les gens vont au cinéma, ils veulent voir une sorte d’expérience d’eux-mêmes à l’écran. Ils ne viennent pas tant pour apprendre (…) Je ne veux pas avoir l’impression de donner des leçons. Je pense d’ailleurs même que des gens qui ne sont pas chrétiens ont parfois des choses ‘très chrétiennes’ à dire ». En résumé, comme le dit l’auteur Steve Turner dans son ouvrage Imagine: le chrétien et l’art : « Le meilleur de l’art  n’impose pas aux gens ce qu’ils doivent croire mais leur permet, pour un court instant, de voir la vie différemment, et le chrétien peut aider ses contemporains à entrapercevoir momentanément le monde par des yeux qui ont été ouverts par le Christ ».

Soul abordera donc des sujets importants et même fondamentaux de l’existence humaine et, comme toujours avec Docter, avec une bonne dose d’humour. « En 2020, Pixar vous emmène dans les rues de New-York (…) pour découvrir les réponses aux questions les plus importantes de la vie » a même précisé Pixar. Un scénario qui va s’intéresser à la vie après la mort, à l’entre-deux, et notamment personnifier le concept d’âme en racontant l’histoire d’un musicien de jazz new-yorkais qui chute dans un caniveau et se retrouve coincé dans un monde où les âmes attendent d’être attribuées. Pour se sortir de là, il tentera alors de convaincre l’âme 22 de retrouver le chemin de la vie.

Soul est annoncé pour juin 2020 dans les salles faisant suite à la sortie d’un précédent film d’animation prévu en mars 2020 : En avant.

 

WE WILL ALWAYS LOVE WHITNEY…

Sortie ce mercredi 5 septembre 2018 du documentaire WHITNEY de Kevin Macdonald. Un portrait intime de la chanteuse et de sa famille, qui va au-delà des unes de journaux à scandales et qui porte un regard nouveau sur son destin. 

Utilisant des archives inédites, des démos exclusives, des performances rares et des interviews originales avec ceux qui la connaissaient le mieux, le réalisateur Kevin Macdonald se penche sur le mystère qui se cachait derrière ‘La Voix’ qui a enchanté des millions de personnes alors qu’elle-même ne parvenait pas à faire la paix avec son passé.
« Le diable a essayé de m’attraper plusieurs fois. Mais il n’a pas réussi » raconte Whitney Houston sans savoir à l’époque qu’elle finirait par sombrer. Une vie d’ailleurs où Dieu et diable semblent se confronter constamment.
Coup de chapeau à Kevin Macdonald pour la confiance qu’il a su mettre en place avec l’entourage de l’artiste afin d’arriver à de véritables confessions qui permettent notamment d’expliquer les problèmes d’addiction dont souffrait Whitney. On apprend ainsi, et ce pour la première fois, qu’elle avait été agressée sexuellement dans son enfance par sa cousine, la chanteuse soul Dee Dee Warwick.
Un superbe documentaire qui joue entre la carte biopic et le sujet d’investigation. Un montage de grande qualité qui nous permet de retrouver toute la beauté physique et vocale de cette immense star mais capable aussi de nous tirer quelques larmes tant l’histoire tourne vite au drame.

ARETHA, UNE NOUVELLE SOLISTE DANS LE CHŒUR DES ANGES

Aretha Franklin, la somptueuse reine de la Soul a tiré sa révérence ce 16 août 2018. La diva de la musique contemporaine âgée de 76 ans luttait contre un cancer du pancréas depuis déjà huit ans. 

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Une femme naturelle à la carrière sur-naturelle pour faire écho à l’un de ses titres légendaires. Elle restera en effet l’artiste féminine ayant vendu le plus de vinyles de l’Histoire, l’une des chanteuses les plus célèbres et les plus influentes, un modèle de réussite pour beaucoup de femmes et une véritable icône afro américaine. Avec 18 Grammys Awards, un Golden Globe, son étoile sur le Hollywood Walk of Fame, une médaille présidentielle de la liberté (la plus haute distinction américaine pour un civil), des diplômes honorifiques des plus prestigieuses universités de son pays : Princeton, Yale, Harvard, Brown… elle sera aussi la première femme à intégrer le Rock and Roll Hall of Fame.

Mais avant d’en arriver là, tout a commencé à l’Église avec sa famille. Aretha Louise Franklin est née en 1942 à Memphis (Tennessee) dans un milieu on ne peut plus imprégné de culture baptiste : Son père, Clarence LaVaughn Franklin est d’ailleurs un pasteur baptiste renommé, mais également un militant des droits civiques. Quant à sa mère, Barbara, elle est chanteuse de gospel. Aretha et ses sœurs, Carolyn et Emma, chantent alors logiquement à la New Bethel Baptist Church de Détroit dans la chorale de leur père. C’est là que sa voix se forge, que l’émotion se construit… et même si la vie n’est pas simple chez les Franklin, la foi en Dieu est une constante et elle le restera d’ailleurs jusqu’au bout. Sa mère étant largement absente, ce sont des nounous occasionnelles qui passent à la maison comme la chanteuse de gospel Mahalia Jackson. Sam Cooke est un invité récurent et Martin Luther King un habitué. Le 6 février 1968, Aretha recevra d’ailleurs le prix d’une ligue chrétienne qui lui sera remis directement par le pasteur, quelques semaines seulement avant son assassinat.

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C’est naturellement avec un album de Gospel, « Song of Faith » en 1956, que la jeune Aretha se fait connaitre. Et puis, très vite, elle signe chez Columbia avec la bénédiction de son père, puis par la suite avec Atlantic. Sa carrière est lancée et elle ne connaitra aucun frein. À côté de cette vie de star et des péripéties qui l’accompagnent, son espérance en Christ ne s’éteindra pas et sera sans doute l’une de ses grandes forces. Elle reviendra d’ailleurs régulièrement au Gospel, au travers de concerts, de duos et d’un album exceptionnel, « Amazing Grace » en 1972. Elle vivra aussi son long combat contre la maladie de 2010 à 2018 pétrie de foi dans l’action miraculeuse de son Dieu.

Les artistes et personnalités de tous milieux font depuis l’annonce de son décès des éloges de cette artiste exceptionnelle. Rien d’étonnant car elle a clairement influencé la musique contemporaine dans son immense diversité. Avec Aretha pas de clan ou de genre exclusif. Sa voix et son message ont été (et seront encore longtemps) un moteur pour des générations de chanteurs et musiciens. Alors bien évidemment, le monde du Gospel d’autant plus… mais aussi sans doute tous ces artistes qui considèrent la musique et l’art plus généralement comme une expression pouvant autant servir à se tourner vers l’Auteur de notre foi qu’à partager cette Bonne Nouvelle à tous les hommes et devenir, encore plus largement, une simple parole porteuse de joie, de vie et bien sûr d’espérance. Une autre image que me laisse Aretha comme exemple, c’est le rappel que la foi pose clairement des bases de vie, de pensée, d’attitudes… mais elle nécessite aussi de se matérialiser dans des actes. Aretha a su le démontrer dans ses nombreux engagements, devenant combats parfois, tant pour les droits civiques par exemple, que pour la situation des femmes et le « Respect » nécessaire. Une militante de l’amour et de la fraternité… qualité qui s’est sans doute développée grâce à son héritage baptiste, une confession protestante connue comme « Une Église professante et militante » comme la qualifie l’historien et sociologue Sébastien Fath.

Aretha Franklin nous a donc laissé, mais sa voix résonnera encore et encore ici-bas. Et nul doute, que là-haut, cette voix saura aussi swinguer, groover et s’ajouter au chœur des anges qui trouvent avec elle une soliste de premier choix.

Adieu donc Aretha… je garde ta voix dans mon cœur et mes oreilles… et je suis partant pour la réécouter là-haut bientôt… et pourquoi pas me tenter un duo (on peut imaginer que tout y sera bonifié…).