Bien dommage que Sur le chemin de la rédemption ou First Reformed dans son titre original, le nouveau film de Paul Schrader, ne sorte en France qu’en format DVD à bas prix, sans passer par la case « Salles de Cinéma »… Remarqué pourtant dans de nombreux festivals et encensé par la critique internationale, le film ne bénéficiera donc pas d’une sortie nationale. Pourtant nous sommes bel et bien là devant, sans doute, l’un des grands films d’auteurs de cette année.
Toller, un ancien aumônier militaire, ravagé par la mort de son fils en Irak, conseille une jeune paroissienne, Mary et son mari, un écologiste radical. Cette nouvelle mission lui permet de redonner un sens à sa vie et lui donne l’espoir de pouvoir réparer les erreurs du passé.
Paul Schrader (scénariste notamment de Taxi Driver et Raging Bull) revient à la réalisation en optant pour un film tournée en 4/3 avec une approche sobre et dépouillée de tout artifice, en misant sur une certaine pureté des plans, et en se concentrant sur l’expérience mystique éprouvée par son personnage principal. Le film a ainsi certaines ressemblances flagrantes avec les œuvres de Robert Bresson, Ingmar Bergman ou encore de Tarkovski. Ressemblances revendiquées par le cinéaste puisque ces noms sont ses modèles avoués. Et par son approche scénaristique, Sur le chemin de la rédemption sera sans doute à rapprocher de l’excellent Silence de Martin Scorsese.
Si la mise en place peut sembler un peu longue, elle permet pourtant une montée en puissance exponentielle de la tension et du suspens. La trame du scénario se déroule alors en offrant une profondeur universelle à cette histoire atypique. Très clairement, le cinéaste nous gratifie là d’un message puissant qui colle avec son temps tout en évitant l’écueil du manichéisme. Son discours est riche, car aussi pétri de contradictions et donc d’interrogations qui ne peuvent qu’interpeller, que l’on soit croyant ou non. Schrader questionne ici la position de l’Église concernant plusieurs grands enjeux contemporains mais aussi face à des questions qui touchent à l’intime, et de façon équilibrée.
Un mot enfin sur le casting duquel ressort le très juste duo composé d’Ethan Hawke qui incarne le révérend Ernst Stoller en proie à la dépression et à de profonds questionnements et la paroissienne qui lui demandera de l’aide jouée par Amanda Seyfried, sans doute dans l’un de ses plus beaux rôles, et que l’on a aussi pu voir récemment dans un autre genre avec le deuxième opus de Mamma Mia.
Crise de foi, remise en question, dépression, suicide… mais aussi résilience, amour, optimisme, éthique… des mots qui résonne aussi puissamment que le film est fort, complexe, touchant et tout simplement beau… de riches arguments pour au moins acheter le dvd à moins de 10€ me semble-t-il.
À l’occasion des conférences de Carême 2018 diffusées sur France Culture, le pasteur Laurent Schlumberger a proposé un travail autour de la question de la mobilité, maître-mot de notre monde globalisé comme l’exprime l’auteur en ouverture de ses interventions. Les Éditions Olivetan prolonge ces moments de radio en publiant le texte, agrémenté de quelques ajustements minimaux, mais privilégiant les tournures orales liées au mode de transmission initiale. Au final, un livre d’une centaine de pages, qui se lit extrêmement facilement et en tout temps qui offre une belle analyse et ouvre à une réflexion pertinente et universelle.
Nous sommes, et nous devons être, de plus en plus mobiles dans l’espace, le temps, les cultures et jusque dans nos modes de vie et nos représentations. Les mobilités marquent toujours plus profondément nos vies personnelles et collectives. Porteuses de promesses, elles suscitent aussi des détresses : précarité, épuisement, perte de repère et de sens… La Bible nous parle en chacune de ses pages de déplacements de toutes natures. Elle est une invitation permanente à sortir de soi et à se mettre en route. Plus encore, elle présente un Dieu qui, contrairement aux images que nous nous faisons de lui, est toujours en mouvement, toujours à notre recherche, toujours désireux de nous rencontrer. Tel est son seul mobile. Et si la Bible nous aidait à passer du zapping anxiogène à la vraie rencontre, salutaire ?
Il y a une vraie progression intelligente et logique dans le processus d’avancement que propose ici Laurent Schlumberger. Car si la mobilité est le cœur du sujet, elle se retrouve aussi dans le mode d’écriture de l’auteur. Nous sommes comme accompagnés avec bienveillance, pris par la main dans la réflexion, parfois légèrement bousculés… pour nous conduire finalement vers un objectif existentiel fondamental qui peut se résumer à cette question : « Vivre, pour qui ? » conduisant elle-même à considérer la rencontre comme une finalité joyeuse et nécessaire.
Il est aussi intéressant de noter que dans son approche de la mobilité, Laurent Schlumberger ne se contente pas d’évoquer le changement de lieu. Une déclinaison s’opère sur le même principe dans toutes les sphères de l’humain dessinant un large spectre des aspects de nos mobilités. Dans l’espace bien évidement, mais aussi dans le temps, dans la culture et plus globalement dans l’existence avec, à chaque fois, un impact réel sur notre façon de vivre et notre manière de regarder l’autre. Une sensation d’accélération peut nous apparaitre dans notre époque présente mais Laurent Schlumberger jongle avec les périodes de l’histoire, montrant ainsi que ces enjeux dépassent largement cette contemporanéité qui nous marque forcément davantage. Il puise d’ailleurs abondamment dans l’histoire biblique des exemples et des enseignements marquants sur la nature même de Dieu et sur ce que cela peut impliquer pour nous.
Enfin, si ces conférences ont été réfléchies dans cette période de Carême, comme un chemin vers Pâques, un cheminement tranquille offrant la possibilité d’une transformation, d’une métamorphose, nous orientant aussi vers l’invitation à la rencontre, la lecture de ce livre peut aussi s’adapter à merveille à la période estivale, me semble-t-il. Moments souvent marqués par une forme de rupture, notamment dans nos plannings surchargés, ouvrant ainsi la porte à une autre forme de mobilité personnelle qu’elle soit intérieure ou pleinement vécue dans le voyage et le changement simple de paradigme du quotidien.
En ce début d’année, l’occasion m’est donnée de vous parler d’un calendrier pas tout à fait comme les autres. Mon calendrier protestant, publié par les éditions Olivetan à l’occasion des 500 ans de la Réforme, est un ouvrage original et extrêmement pratique.
Mon calendrier protestant est une sorte d’almanach, un calendrier perpétuel qui vous permettra chaque jour de l’année de zoomer sur un événement ou une personne en lien avec le protestantisme. Pour se faire un titre résume la chose et s’accompagne d’un court texte de qualité, pédagogique et concis. Il est écrit de telle manière qu’on ne se lassera pas de jeter un coup d’œil, soit de façon organisée jour après jour, soit au hasard des pages ouvertes comme on lit une anecdote dans un recueil ou un magazine.
Avec Mon calendrier protestant c’est aussi l’occasion de développer sa culture protestante, de développer quelques racines supplémentaires, de s’inscrire dans une histoire parfois lointaine mais aussi souvent contemporaine. On apprendra ainsi, par exemple, que le 14 avril 1570 était signé le consensus de Sandormierz unissant trois courants du protestantisme en Pologne mais aussi, plus près de nous, que le 16 juin 1974 était fondé l’ACAT par deux protestantes interpellées par la question de la torture pratiquée au Vietnam.
Le 28 juillet sera l’occasion, en se rappelant que ce jour-là, en 1685, décédait le compositeur Jean-Sébastien Bach, d’évoquer quelques œuvres de l’artiste qui les signait en donnant Gloire à Dieu. Mais aussi que le 5 septembre 1677 naissait Abraham Mazel, prophète et combattant, connu comme ayant été le premier et le dernier des camisards.
À noter également l’idée ingénieuse de faire de Mon calendrier protestant non pas seulement un sympathique bouquin qui vulgarise l’histoire protestante (ce qui en soit n’est déjà pas une mauvaise chose !), mais de le proposer comme un calendrier perpétuel dans lequel personnellement je peux ajouter chaque jour des commentaires ou y greffer un peu de mon histoire. Des lignes sont en effet là offertes à mon écriture en bas de pages…
Et puis enfin de façon pragmatique, sachez qu’un index des noms et des événements permet de retrouver plus rapidement un texte en particulier dans ce joli livre de 392 pages vendu au prix de 19 €.
Ce dimanche 25 juin 2017 à 10h, l’émission dominicale « Présence Protestante » nous conduisait à la découverte d’un culte de l’Église Hillsong Paris, condensé en moins de 30 min (coup de chapeau d’ailleurs à la production et réalisation et en particulier à Marie Orcel et Christophe Zimmerlin). Le Théâtre Bobino devient en effet Temple protestant chaque dimanche pour de longues heures puisque plusieurs cultes y sont célébrés par cette Église.
Présence Protestante propose, en plus de documentaires et émissions de plateau, une fois par mois, un culte, en direct ou différé, correspondant à la diversité d’expression et d’ecclésiologie de la Fédération Protestante de France. Déjà le mois dernier, le service proposé se déroulait à Toulouse dans une expression fédérative mélangeant avec intelligence les formes et les genres. Mais avec ce culte de cette communauté typique d’une expression contemporaine évangélique très en vogue actuellement, le curseur a sans doute été poussé un peu plus loin… et cela éveille en moi un sentiment de joie et de confiance en l’avenir.
Si le protestantisme est connu pour sa diversité, nous tombons hélas souvent dans la caricature facile mettant d’un côté les historiques et de l’autre les modernes, les évangéliques venant s’opposer à une tradition luthéro-réformée… au sein de chaque tradition d’autres oppositions… libéralisme face à une certaine orthodoxie, charismatiques vs évangéliques plus « classiques »… et arrêtons-nous là car sinon la déclinaison pourrait être longue. Caricatures donc mais hélas aussi parfois véritables disputes devenant luttes intestines avec une violence verbale ou scripturale désastreuse. Mais ce matin et malgré tout ça, je suis dans la joie et confiant…
Je me souviens d’un slogan utilisé lors d’un rassemblement des Protestants de l’Ouest de la France, il y a une quinzaine d’années à La Rochelle : « Notre diversité est notre richesse ! » Ce matin, elle éclatait une fois de plus sur les écrans de ma télévision et j’étais heureux et confiant…
Ô oui, il y a encore du chemin à faire… et j’imagine bien les réactions épidermiques de certains en visionnant cette demi-heure, appuyant leurs réactions sur tels ou tels autres aspects que je ne voudrai volontairement préciser là… attitudes finalement similaires aux semblables réactions d’autres quand le culte nous invite à entrer dans un temple où la forme et le fond sont fondamentalement différents. Personnellement et de par mes fonctions et divers engagements, j’ai appris à prendre plaisir de l’état où je me trouve… enfin surtout des moments partagés dans telle ou telle autre communauté, à aimer échanger avec des collègues de traditions très différentes… et tout ça même bien au-delà du seul protestantisme (!). Alors oui, bien évidemment, je me sens plus à l’aise ici que là, plus en adéquation théologique avec cette approche qu’avec l’autre, mais en même temps c’est souvent de ceux dont je suis le plus éloigné (en apparence) que j’apprend le plus et élargis alors l’espace de ma tente (Rassurez-vous mes piquets sont bien plantés). Comme le rappelle justement les parole de Jésus-Christ, en ouverture du verset de l’Évangile du Jour (Matthieu 10.26) et dans sa traduction tirée de Parole de Vie : « N’ayez pas peur des gens ! ». Oui la peur nous éloigne, nous fige, nous fait perdre la joie et nous ronge notre espérance… Et moi, précisément ce matin, à l’inverse, je veux choisir la joie et la confiance !
The place, Billie, Drunk, Michel-Ange… Toute l’actualité ciné avec Jean-Luc Gadreau, journaliste et blogueur.
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NOUVEAU ! « Je confine en paraboles »
Chaque jour à 7h45 , pendant ce temps de confinement, je vous propose ma minute-vidéo « Je confine en parabole »… histoire de bien démarrer la journée.
Que celui qui a des oreilles…