MON ANNÉE 2017 AU CINÉMA

La fin d’année est propice aux rétrospectives ou classements de tous ordres. Je vous propose ici simplement de revenir sur quelques films qui auront marqués mon année cinématographique. Un choix tout à fait subjectif et partial n’ayant évidemment pas vu la totalité de la cuvée 2017 et ayant même raté quelques films majeurs que je ne manquerai pas de rattraper dès que possible…

Tout d’abord retour sur dix films qui, s’ils ne font pas parti de mon podium, m’ont laissé d’excellents souvenirs et ont été véritablement de très bons moments de cinéma. Je vous les présente par ordre chronologique de sortie.

 

11/01 – THE BIRTH OF A NATION

Ma critique : https://artspiin.com/the-birth-of-a-nation/

Le grand prix du Jury et prix du public du Festival de Sundance 2016 a lancé magnifiquement l’année. Ce biopic racontant la courte vie de Nat Turner, trente ans avant la guerre de Sécession, nous plonge avec intensité et spiritualité au cœur de l’horreur de l’esclavage. Les questions raciales ont d’ailleurs été une thématique forte abordée dans de nombreuses productions.

 

15/02 – LOVING

Ma critique : https://artspiin.com/in-love-with-loving/

Film présenté lors du Festival de Cannes 2016 mais sorti ensuite tardivement. Jeff Nichols à la réalisation pour raconter, à l’instar de « The birth of a nation », un récit de vie de l’histoire américaine autour de la question des droits civiques. Une grande et belle histoire d’amour !

 

22/02 – FENCES

Ma critique : https://artspiin.com/le-lion-et-la-barriere/

Denzel Washington face à Viola Davis. Peut-être que tout est dit là dans ce qui est à la fois un duo magique mais aussi une confrontation de caractères exceptionnels. Un hymne aux dialogues… car si pour certains le côté bavard a pu déranger il restera pour moi un exemple du genre associé à une vraie performance d’acteurs.

 

01/03 – T2 TRAINSPOTTING

Ma critique : https://www.evangile-et-liberte.net/2017/03/de-profundis-jaillira-la-lumiere/

Avec T2 Trainspotting, la mélancolie inonde nos chers « ex-plusoumoins-junkies » désormais quadragénaires. Et le coup de génie de Danny Boyle est sans doute d’en faire la principale dynamique émotionnelle du film mais avec beaucoup d’humour. Cet ensemble donne un sentiment de décalage pour le moins ambivalent à l’énergie et au discours transgressif comme on n’en voit rarement de nos jours.  Et au cœur de cette mise en scène, de cette histoire glauque… jaillit constamment des lueurs éclairantes et inspirantes.

 

08/03 – LES FIGURES DE L’OMBRE

Un film qui raconte le destin extraordinaire des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l’astronaute John Glenn. Les ingrédients sont là… une magnifique histoire, un casting de rêve, une réalisation soignée.

 

Permettez-moi ici une toute petite aparté pour évoquer le prix décerné par le Jury œcuménique lors du 70ème Festival de Cannes. « Vers la lumière » de l’excellente Naomi Kawase,  qui ne peut figurer dans mon classement car il ne sortira sur les écrans que dans quelques jours (le 10 janvier), mais qui aura été pour moi l’un de mes grands plaisirs de l’année.

 

07/06 – WONDER WOMAN

Ma critique : https://artspiin.com/wonderful-woman-tonight/

Et oui, un blockbuster dans mon classement ! Wonder Woman ne s’enfonce pas dans les clichés. Il mêle au contraire habilement au genre fantastique des aspects mythologiques, de superbes scènes de batailles épiques génialement orchestrées, beaucoup d’humour bien placé et une certaine gravité qui conduit même à une éloge de l’amour et du sacrifice.

 

19/07 – BABY DRIVER

Vitesse, rythme, musique, humour… Edgar Wright fait mouche avec ce film à la Tarantino. Et moi j’aime !

 

13/09 – MOTHER

Ah un peu de controverse… Mother or not mother… et bien ce sera avec de mon point de vue (même si j’ai tardé à le voir pour, finalement, ne pas le regretter du tout). Darren Aronofsky nous livre là une œuvre qui, si elle n’est pas à mettre devant tous les regards, est en tout cas un petit chef d’œuvre quand à l’utilisation de l’analogie au cinéma.

 

11/10 – DETROIT

Autre sortie de cette année à abordée les questions de ségrégation raciale. Un film coup de poing qui ne laisse pas indifférent et qui prend vraiment aux trippes !

 

15/11 – LE MUSEE DES MERVEILLES

Ma critique : https://artspiin.com/wonderstruck-eme…-sur-grand-ecran/

Ce film marquait le retour de Todd Haynes sur la Croisette. Ce « Musée de merveilles » est un vrai bonheur, d’une grande beauté, délicieusement artistique, touchant et imprégné d’un sens profond, ce qui ne peut évidemment me déplaire.

 

Avant de vous dévoiler mon TOP 5, quelques mots sur un film que j’ai mis « hors concours »… un film à part comme une bouffée d’oxygène qui arrive au bon moment.

 

25/01 : LA LA LAND

Ma critique : https://artspiin.com/et-tout-le-monde-fait-la-la/

8 nominations et 6 oscars ! Ça le fait… mais il y a de quoi. Quatre saisons pour raconter une histoire d’amour entre deux artistes. Voilà le prétexte à une magnifique histoire mise en image, en mouvement et en musique par Damien Chazelle. Je suis tombé sous le charme conquis par la grâce de ce feel-good movie d’une fraîcheur et d’une beauté immense.

 

Et voici donc mon TOP 5 des films (que j’ai vus) sortis en 2017 :

N°5 – 19/07 – DUNKERQUE

Ma critique : https://artspiin.com/dunkerque-i-will-survive/

Un immense Christopher Nolan pour une méga-production construite avec génie. Trois positionnements géographiques et temporels et à l’intérieur de ces trois décors de multiples histoires qui se font écho, qui se croisent, qui s’entremêlent tout en ne se déroulant pas dans la même échelle de temps… Une petite merveille !

 

N°4 – 20/09 – FAUTE D’AMOUR

Ma critique : https://artspiin.com/une-faute-damour…rtant-magistrale/

Bouleversant drame social ayant reçu le prix du Jury lors du dernier Festival de Cannes. Avec une acuité flagrante, le cinéaste russe Andrey Zvyagintsev dresse un portrait âpre d’une société russe brutale et déshumanisée. Un film intense qui nous plonge au cœur de l’histoire d’un couple qui se déchire et qui « perd » le fruit passé de leur amour.

 

N°3 – 03/05 – GET OUT

Ma critique : https://artspiin.com/non-je-ne-serai-pas-votre-negre/ 

Premier film du comique américain Jordan Peele, « Get out » marquera l’année par son audace, en s’attaquant à cette thématique du racisme sous une forme grinçante et peu conventionnelle tout en étant porteur de beaucoup d’interprétations profondes des aspects horrifiques de ce sujet qui nous hante tous.

 

 

N°2 – 18/10 – THE SQUARE

Ma critique : https://artspiin.com/carrement-moderne/

La palme d’or de Cannes 2017 du réalisateur suédois Ruben Östlund, qui s’était fait connaître précédemment avec Snow Therapy. Il pose ici un regard caustique sur nos lâchetés et interroge le « vivre ensemble » de nos sociétés. The Square est un film où l’ascenseur émotionnel fonctionne à merveille. Une critique acerbe et drôle d’une société lissée et bien-pensante mais pourtant fragile et prête à exploser comme une enfant mendiante dans un carré.

 

And the winner is…

N°1 – 08/02 – SILENCE

Ma critique : https://artspiin.com/silence-derangea…mais-bienfaisant/

L’immense Martin Scorcese nous a livré ici le film qui restera, peut-être, comme le principal de sa carrière cinématographique, plus simplement l’œuvre de sa vie, mijotée depuis près de trente ans. Respect et coup de chapeau pour un œuvre belle, riche, tortueuse et profondément inspirante. « Silence » reste sans doute quelque peu difficile d’accès tant par sa forme que par ses thématiques. Ce film demande donc au spectateur de se concentrer et de plonger sans à priori mais confiant qu’une opportunité de réflexion intime s’offre à lui. Accepter que le Silence commence peut-être là en soi comme une nécessité bienfaisante dans un monde si bruyant et dans un intérieur qui l’est tout autant si souvent…

 

ET TOUT LE MONDE FAIT « LA LA »

La La Land, c’est la sortie dont tout le monde parle, programmée pour ce mercredi 25 janvier en France (mais déjà depuis plusieurs mois aux Etats-Unis) mais surtout fraichement auréolée de 7 Golden Globes annonciateurs eux-mêmes vraisemblablement d’une nouvelle pluie de récompenses lors de la très prochaine cérémonie des Oscars. Mais point d’exagération dans ce battage médiatique, la nouvelle réalisation du très doué Damien Chazelle qui nous avait déjà émerveillé avec Whiplash en 2014, est véritablement une petite merveille du genre.

Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions. De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent… Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?

Quatre saisons pour raconter une histoire d’amour entre deux artistes… un pitch qui pourrait laisser songeur. Et pourtant ! C’est bien le prétexte à une magnifique histoire mise en image, en mouvement et en musique par Damien Chazelle. Vous le savez sans doute, ce La la Land est une comédie musicale. Mais réduire ce film à ce qualificatif serait une pure sottise. En même temps, comment ne pas commencer par cela car ça faisait un sacré bail que nous n’avions pu voir une telle proposition en matière de Musical. Chazelle nous téléporte dans l’univers des plus belles que le cinéma ait pu nous proposer… Singin’in the Rain, New York New York, Broadway Melody, Un Américain à Paris ou les Parapluies de Cherbourg sont inévitablement dans les esprits. Mais il réussit la prouesse de nous emporter plus loin en en faisant un film contemporain où les thématiques sont aussi valables aujourd’hui. Et dans la même dynamique, précisons que La la land est tourné en cinémascope, ce format extralarge qui était tant en vogue dans les années 50 et 60. Et dans le même temps il mêle un très haut niveau de technicité et un sentiment de naturel absolu porté par une photo sublime rappelant d’ailleurs très fortement l’univers de Whiplash.

Alors on danse, on chante évidemment comme dans toute comédie musicale, mais on joue aussi et on raconte une très belle histoire d’amour, contrariée bien sûr mais sublime et attendrissante, celle de Mia, la jeune comédienne et Seb, le pianiste de jazz frustré. Ils se croisent et se recroisent sans le savoir avant de tomber amoureux malgré eux. Ils partagent des rêves en commun mais ont aussi des rêves séparés et séparant. Mais l’amour n’est-il pas justement une opportunité pour les deux formes de projets ? Et l’amour peut-il y survivre ? Tant de questions au cœur de l’histoire mais plus simplement au cœur de la vie. La La Land est un film très juste sur l’amour, sa naissance, sa floraison, ses épreuves, ses risques. Jamais mielleux ni cynique, il navigue aisément dans cet entre-deux émotionnel avec raffinement. Et sans spoiler quoi que ce soit, il est agréable de reconnaître que la fin, ni tragique ni triomphante, ressemble elle aussi si souvent à la vie. J’évoquais des thématiques d’aujourd’hui encore, c’est par exemple aussi le cas plus largement avec cette réflexion sur ces moments de la vie où tout semble possible encore, parce qu’on a la foi, l’envie d’y arriver, parce que des rêves nous habitent, mais qui viennent peu à peu rencontrer la nécessité du choix, de l’engagement, voire même des compromis avec la réalité.

Et pour incarner Mia et Seb, Damien Chazelle a tiré le gros lot avec Emma Stone et Ryan Gossling qui forment un duo tout à fait remarquable et impeccable dans ce film intemporel. En effet cette modernité mêlée d’une couleur vintage apporte un charme particulier aux personnages. Pour ce qui est du jeu des deux acteurs, que pourrait-on ajouter ?… On touche à la perfection où la direction de Chazelle n’y ait sans doute pas pour rien. Un duo qui n’est pas une première mais dont on ne se lasse pas… tant la symbiose parfaite des acteurs crève l’écran.

Enfin, il y a le son… la musique… et le jazz en particulier, un style qui semble par ailleurs coller à la peau du réalisateur américain. La La Land nous régale en la matière. Pas étonnant que la BO du film soit en tête des charts aux Etats-Unis. L’homme de la BO c’est précisément Justin Hurwitz qui avait également participé à celle de Whiplash. On y retrouve différents styles avec des chansons interprétées par les deux acteurs principaux, Emma Stone et Ryan Gosling dans le pur esprit Comédie Musicale façon Michel Legrand. Et là comment ne pas s’amuser à remarquer que ces parties chantées s’intègrent parfaitement à l’intrigue et arrivent avec un tel naturel qu’on trouverait presque normal de pousser la chansonnette en pleine rue. Viennent s’ajouter quelques instrumentaux de jazz, dont plusieurs morceaux au piano ainsi que la chanson Start A Fire du musicien de RnB, John Legend qui participe également au film en jouant son propre rôle et en interprétant ce titre. Un morceau qui pourrait bien lui valoir l’oscar de la meilleure chanson originale comme en 2015 avec Gloria dans Selma. On se régale donc de musique mais on en parle aussi. Et à ce propos, une scène savoureuse à ne pas rater… ce dialogue entre Mia et Seb sur le jazz et cette énervante habitude de le cantonner à une simple musique d’ambiance pour soirées huppées.

 

Je suis tombé sous le charme, vous l’aurez compris… conquis par la grâce de ce feel-good movie d’une fraîcheur et d’une beauté immense. Feel-good movie n’étant pas un gros mot, il convient parfaitement à La La Land, car on se sent bien pendant et après. Alors pourquoi s’en priver ?