par lucgad | Mai 16, 2017 | Cannes 2017, Cinéma
2017 est une date importante pour le Festival de Cannes puisqu’elle marque 70 ans de cinéma sur la Croisette. Un Festival pas tout à fait comme les autres cette année… Mais pour le Jury œcuménique, présent à Cannes depuis 1974, cette édition sera aussi différente avec d’importants changements.

Chaque année, le Jury œcuménique est invité par le Festival de Cannes, comme le Jury officiel et celui de la Presse, à remettre un prix à un film de la compétition officielle.
SIGNIS et INTERFILM, 2 structures respectivement catholique et protestante, nomment un jury composé de six membres, issus de cultures et de pays différents. Ces jurés, renouvelés chaque année, sont compétents dans le domaine du cinéma comme journalistes, critiques, théologiens, chercheurs, enseignants… Ils sont membres de l’une des Églises chrétiennes et sont ouverts au dialogue interreligieux. Ils se réunissent à diverses reprises durant le Festival, analysent, commentent les films et délibèrent en toute indépendance.

Depuis de nombreuses années, Denyse Muller pour Interfilm et Jos Horemans pour Signis assuraient la coordination de ce Jury. Mais cette année la relève est prise par Serge Molla et Theo Peporte. Des changements importants donc qui donneront sans doute de nouvelles couleurs ou orientations dans les années à venir. Mais pour 2017, Signis et Interfilm ont tenus à honorer Denyse Muller et Jos Horemans en leurs demandant d’être membres du Jury. À leurs côtés, quatre autres invités :
– Gaëlle Courtens, journaliste. Elle est l’éditrice de l’agence de presse Nev-Notizie Evangelische et responsable de presse de la Fédération des Églises protestantes en Italie.
– Andreas Engelschalk, pasteur de l’Eglise évangélique en Rhénanie (Allemagne)
– Benjamin Lorenzo Sanchez, réalisateur espagnol et scénariste de films, auteur et metteur en scène de théâtre et créateur de spots publicitaires.
– Valérie de Marnhac, a travaillé durant 20 ans dans la presse et fait aujourd’hui partie de SIGNIS Paris, pour qui elle anime des ciné-débats.

Le Jury œcuménique propose un regard particulier sur les films. Il distingue des œuvres de qualité artistique qui sont des témoignages sur ce que le cinéma peut révéler de la profondeur de l’homme et de la complexité du monde.
Il attire l’attention sur des œuvres aux qualités humaines qui touchent à la dimension spirituelle de notre existence, telles que justice, dignité de tout être humain, respect de l’environnement, paix, solidarité, réconciliation…
Dans ses choix, le Jury œcuménique montre une grande ouverture aux diversités culturelles, sociales ou religieuses.
A la fin du Festival, lors d’une cérémonie officielle dans le Palais des Festivals, le Jury remet son prix en présence d’invités officiels, de la presse et des réalisateurs primés. Depuis 1974, le Jury œcuménique a attribué 45 prix et 56 mentions spéciales et présente, sans doute, l’un des plus beau palmarès du Festival de Cannes.
+ d’infos sur le site du Jury œcuménique
par lucgad | Avr 27, 2016 | Cannes 2016, Cinéma
Du 11 au 22 mai, le monde de la culture tournera ses regards vers le sud de la France, et plus précisément Cannes et son 69ème festival du cinéma. Depuis 1974, SIGNIS & INTERFILM, deux associations respectivement catholique et protestante, y organisent le Jury œcuménique, comme dans de nombreux festivals du monde entier, tels que Berlin, Locarno, Montréal, Karlovy Vary, Mannheim, Fribourg…

Invité par le Festival, comme le Jury officiel et celui de la Presse, le Jury œcuménique remettra un prix à un film de la compétition officielle, le samedi 21 mai à 17h, dans le magnifique salon des ambassadeurs du Palais des festivals. D’autres récompenses, sous forme de mentions pourront être aussi données à des films de la compétition officielle, comme aussi de l’excellente sélection « Un certain regard ».
Chaque année, les six jurés internationaux sont renouvelés et choisis en fonction de leurs compétences en matière de cinéma mais aussi de leur appartenance à l’une des Églises chrétiennes et leur ouverture au dialogue interreligieux. Le 43ème Jury œcuménique aura la particularité d’être exceptionnellement très féminin, avec un seul homme au milieu de cinq femmes, ce qui ne manquera pas, sans nul doute, d’apporter un caractère singulier et agréable aux choix qui seront faits. Sa présidence est confiée à la française Cindy Mollaret, qui sera entourée de sa compatriote Nicole Vercueil, et venant du Canada Karin Achtelstetter, des États-Unis Gabriella Lettini, des Philippines Teresa Tunay, et de Côte d’Ivoire, l’homme en question, Ernest Kouakou.

Le Jury œcuménique n’est pas tout à fait comme les autres jurys. Il propose naturellement un regard particulier sur les films. Il distingue des œuvres de qualité artistique qui sont des témoignages sur ce que le cinéma peut révéler de la profondeur de l’homme et de la complexité du monde. Les valeurs de l’Évangile, la dimension spirituelle de notre existence sont des facteurs qui interviennent dans ses critères. Un bel équilibre recherché entre art et sens, maîtrise technique et attention particulière aux questions qui relèvent de la responsabilité chrétienne dans la société contemporaine.
Et puis, le Jury œcuménique à Cannes, c’est aussi toute une organisation, des bénévoles et de nombreux événements autours de son action. Un stand sur le marché international du film dans le Palais des festivals, un site internet « bouillonnant » tout au long des jours de festival, différents moments officiels (rencontre à l’hôtel de ville, dans des événements organisés par des pavillons internationaux, avec la presse, les autorités civiles…) plusieurs célébrations religieuses (messe, culte, célébration œcuménique), une montée des marches officielle avec de nombreux invités, une grosse équipe de cinéphiles qui écrit des fiches sur les films présentés dans le festival. Beaucoup de vitalité et d’enthousiasme qui donnent aussi un caractère particulièrement sympathique à cette organisation.

Enfin, comment ne pas évoquer également cette 69ème édition du Festival. Une sélection qui s’annonce d’ailleurs très intéressante pour le Jury œcuménique avec des thématiques fortes dans de nombreux films et des réalisateurs ayant l’habitude de traiter des sujets de société répondant aisément aux questionnements énoncés précédemment : Asghar Farhadi, les frères Dardenne, Xavier Dolan, Ken Loach, Jim Jarmush, Jeff Nichols, Sean Penn… pour n’en citer que quelques-uns. Également un jury officiel hyper compétent et chic, qui sera mené par le grand Georges Miller, avec autour de lui Arnaud Desplechin, Kirsten Dunst, Valeria Golino, Mads Mikkelsen, George Miller, László Nemes, Vanessa Paradis, Katayoon Shahabi, et Donald Sutherland.
Une quinzaine cannoise qui s’annonce donc sous les meilleurs auspices et pendant laquelle je vous invite à me suivre sur ce blog avec des articles journaliers.
par lucgad | Mai 18, 2015 | Cinéma
Le Jury œcuménique au Festival de Cannes est composé de six membres internationaux qui visionnent l’ensemble de la sélection officielle et « Un Certain regard » pour remettre, samedi à 17h, ses prix lors d’une cérémonie au salon des ambassadeurs dans le Palais des Festivals. Mais le Jury œcuménique à Cannes c’est aussi beaucoup d’autres activités et toute une équipe active pendant la quinzaine.
La journée de dimanche a été marquée ainsi par plusieurs événements liés au Jury mais touchant un plus large public. La matinée a ainsi commencé avec la messe et le culte spécial « Festival » célébrés avec les membres du Jury et un certain nombre d’invités, dont, côté protestant, le secrétaire général de la Fédération Protestante de France, le pasteur Georges Michel qui apporta la prédication. Occasion de présenter aux communautés ecclésiales présentes les membres du Jury, le travail d’Interfilm et Signis, mais aussi de rappeler combien le cinéma peut être porteur de messages utiles à notre compréhension du monde et à la foi.

Ces deux temps d’Église se sont terminés en donnant à tous l’occasion de se retrouver dans la rue qui sépare les édifices culturels pour partager un verre de l’amitié et brioche et surtout échanger les uns avec les autres. La présence de Michael Lonsdale cette année et des organisateur du Festival sacré de la Beauté était aussi une agréable surprise.

Ce moment d’amitié terminé, les « badgés » pouvaient se rendre à l’intérieur du Palais, au sous-sol dans le Marché du Film, pour une cérémonie plus officielle sur le stand du Jury œcuménique avec un certain nombre de représentants d’Églises de la ville et la région, de personnalités politiques, d’amis et tous ceux qui sont impliqués dans cette belle aventure commencée en 1974. Occasion de remercier plusieurs membres de l’équipe qui nous ont quittés ou pour qui cette édition sera la dernière… occasion de discuter, et de prendre un apéritif tous ensemble dans une belle atmosphère joyeuse.

Enfin, ce même dimanche, le Festival accueillait pour sa montée des marches de 19h pour le film « Carol », l’ensemble du Jury œcuménique et quelques invités, lui donnant ainsi une visibilité encore plus importante, plus officielle… moment bien agréable et convivial, permettant aussi de discuter avec Thierry Frémaux, délégué général du Festival.

Cette journée cannoise particulière reflète assez bien combien l’organisation de ces journées dépasse largement le visionnage de quelques films. Dans cette semaine, une célébration œcuménique sera aussi proposée mercredi à 16h en l’Église Anglicane proche de la Croisette. Chaque jour, ce sont aussi des courtes conférences-débats qui sont organisées directement sur le stand du Jury, avec des thèmes permettant de dialoguer entre foi et cinéma.
par lucgad | Mai 12, 2015 | Cinéma
À l’occasion de ce 68ème Festival de Cannes qui ouvrira ses portes ce mercredi 13 mai 2015, le 42ème Jury œcuménique cannois officiera pour remettre une nouvelle fois des prix à plusieurs films répondant à ses critères artistiques, humains et évangéliques, dans la sélection officielle.

Étonnant sans doute, pour beaucoup de festivaliers, de découvrir p. 39 du Catalogue officiel du Festival de Cannes, la présentation d’un Jury œcuménique aux côtés du Jury FISPRESCI (Fédération internationale de la presse cinématographique) et du prix François Chalais. Des chrétiens à Cannes pour remettre des récompenses ? Sans doute une sélection parallèle dont on ne parle pas, qui présenterait des films à caractères religieux ?… Mais, non, à y regarder de plus près, c’est bel et bien des films de la sélection officielle et de la sélection « Un certain regard » qui sont concernés. Et ce n’est pas une nouveauté farfelue, non plus, qu’aurait introduit le nouveau président Pierre Lescure, puisque cette présence date de 1974. Un sacré bout de chemin parcouru déjà et de grands films récompensés, parfois même avec un certain discernement étonnant comme l’année dernière avec le prix attribué à Timbuktu (seule récompense cannoise avec le prix F. Chalais) annonciateur de nombreuses autres récompenses pour ce film, dont ces fameux sept Césars en février 2015.

Alors s’il ne s’agit pas de films à caractère religieux, quelles sont donc les spécificités recherchées par ce Jury pour dégager de la sélection plusieurs longs métrages ?
C’est en fait une combinaison de plusieurs aspects qui sont recherchés :
– de la qualité artistique ben évidemment en premier lieu,
– des valeurs humaines trouvant écho dans l’Évangile telles que par exemple la justice, la dignité, la paix, la réconciliation,
– une capacité à déclencher la réflexion, l’échange, le partage… à donner au spectateur la possibilité de réfléchir ou d’être interpellé,
– de montrer une grande ouverture aux diversités culturelles, sociales ou religieuses.
Finalement, pour reprendre une citation du réalisateur américain Jonathan Demme (Oscar du meilleur réalisateur an 1992 pour « Le Silence des Agneaux »), récompenser des films qui répondent à ces trois fonctions vitales : Primo : divertir. Secundo : faire réfléchir grâce à une fiction qui ne privilégie pas seulement le divertissement. Tertio : être un miroir de l’existence.
Ce sont donc encore six jurés internationaux, venus de France, Canada, Italie et Royaume-Uni, et désignés à part égale par les deux associations organisatrices de ce Jury œcuménique, SIGNIS du côté catholique et Interfilm pour les protestants, qui visionneront à l’occasion de ce 68ème festival de Cannes une quarantaine de films. Son palmarès sera annoncé le samedi 23 mai à 17h dans un salon du Palais des Festivals, à l’occasion d’une cérémonie officielle en compagnie du Jury FIPRESCI.

En parallèle du travail des jurés, il faut aussi noter un certain nombres d’événements proposés par les deux associations SIGNIS et Interfilm, tout au long du festival : Un stand du Jury œcuménique au Marché international du film, plusieurs présentations officielles et cérémonies (sur le stand, dans une rue cannoise, à l’hôtel de ville…), une montée de marches officielle, une célébration œcuménique dans une église de la ville, un culte et une messe « spécial Festival », des mini-conférences sur le stand, l’animation d’un site internet pendant toute la durée du festival (www.juryoecumenique.org) et l’accueil de nombreux invités dont, cette année, le Secrétaire Général de la Fédération Protestante de France Georges Michel qui apportera la prédication le dimanche matin au Temple de l’EPU de Cannes.
par lucgad | Mai 21, 2014 | Cinéma
À l’occasion des 40 ans du Jury Œcuménique, Denyse Muller (vice-présidente d’Interfilm et coordinatrice du Jury Œcuménique à Cannes), a rencontré les réalisateurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne. Pour faire suite à mon dernier article, je vous propose de découvrir cet interview :

Denyse Muller : Après 2 Palmes d’or et de nombreux autres prix au Festival de Cannes, appréciez-vous un prix spécial du Jury Œcuménique ? Est-ce que cela vous parle particulièrement ?
Luc et Jean-Pierre Dardenne : Oui parce que d’une part votre prix a une importance reconnue, d’autre part parce que vous récompensez des films selon des critères qui ne suivent pas la mode. Vous avez toujours considéré le cinéma comme un moyen d’éducation et d’enrichissement de l’individu. Quand on dit que c’est un prix chrétien, je ne le prends pas dans le sens de promotion d’une idée ou d’une religion particulière, mais plutôt dans la défense des valeurs de base sur lesquelles le christianisme s’est appuyé et qu’il a véhiculées, comme d’autres religions d’ailleurs, des valeurs comme celles de la justice, de la conscience, de la culpabilité, de la responsabilité. Effectivement je crois que nos films sont en rapport étroit avec ces valeurs.
D.M. : Vous appréciez donc généralement nos prix œcuméniques ?
L. et JP. : Oui, vos prix sont intéressants parce qu’ils touchent le public. Vous n’êtes pas là pour obéir à des modes mais pour dire « ce film on l’aime beaucoup d’autant plus que nous sommes chrétiens, on y reconnaît certaines valeurs ». Les prix que vous avez attribués à Cannes ont rencontré le public, et pas parce que le public est majoritairement chrétien. Les gens sont sensibles à l’art cinématographique et en même temps à ce quelque chose qui touche le public. Vous avez rarement choisi des films ésotériques. Ca ça nous plait parce qu’on se dit que le film parle à des gens. Et c’est bien pour cela que nous faisons des films.
D.M. : Vos films sont tout de même très durs. Le monde de Rosetta, du Fils ou de Bruno pourrait finir en catastrophe totale. Un monde très dur, très noir… mais à la fin il y a une lueur d’espoir, une larme, une réconciliation, un avenir possible. Pour vous, les relations humaines sont-elles plus fortes que toute la noirceur du monde ?
L. et JP. : Dans les situations difficiles l’homme se révèle tel qu’on s’y attend et nous nous comportons de manière terrible pour survivre ; en même temps nous sommes capables de gestes surprenants, tellement surprenants qu’on peut les attribuer à la Grâce et pas à l’homme et on se dit « c’est pas possible qu’il ait pu faire ça ».
D.M. : La Grâce, c’est un terme religieux…
L. et JP. : Oui et c’est pour cela que je l’emploie car ça nous surprend tellement cette grâce, ce « c’est pas possible qu’il ait pu faire ça » Avec mon frère on aime raconter des histoires où des hommes, des femmes dans des situations difficiles, à un moment donné, trouvent un geste humain.
D.M. : Que cherchez-vous à dire, à transmettre à travers vos films ?
L. et JP. : Il est important que pendant le film, ou en sortant du film, le spectateur ait, même un bref instant, une autre image de lui qui peut alors l’interpeller et lui faire voir d’autres possibilités que celles qu’il a vécues jusque là. On espère que le spectateur dans la salle obscure va être incité à un changement.
D.M. : Oui et cela entre dans nos critères.
L. et JP. : En même temps on est toujours le même mais il s’est passé quelque chose, une sorte d’expérience.
D.M. : Qu’aimeriez-vous dire à des cinéphiles chrétiens qui sont jurés dans les festivals ou qui animent des groupes ?
L. et JP. : Continuez à faire partie de ces gens qui aiment le cinéma, soyez des relais auprès du public pour leur faire rencontrer des films qu’ils ne verraient pas dans les circuits habituels. On a besoin de gens qui ouvrent d’autres possibilités. Continuez à faire partie de ceux-là et à montrer les films dans les communautés, les écoles, les ciné-clubs etc…

Biographie des Frères Dardenne
Réalisateurs belges, Jean-Pierre et Luc Dardenne travaillent dans les années 70 avec le dramaturge et cinéaste Armand Gatti sur des mises en scène de théâtre. A partir de cette rencontre, ils réalisent des vidéos militantes, des documentaires sur des problèmes de société puis des longs métrages. En 1975 ils fondent la maison de production Dérive qui produit leurs documentaires puis en 1974 Les films du fleuve à Liège, qui produira dès lors tous leurs films.
Depuis 1987 ils ont réalisé 9 longs métrages, la plupart en compétition au Festival de Cannes: La Promesse (1996) à la Quinzaine des réalisateurs; les suivants, sélectionnés en Compétition officielle, ont reçu un ou plusieurs prix du Grand Jury et du Jury Œcuménique. Cette année le Festival a sélectionné leur dernier film Deux jours, une nuit.
Filmographie (longs métrages)
1987 Falsch
1992 Je pense à vous
1996 La Promesse
1999 Rosetta Palme d’or – Prix d’interprétation féminine / Mention spéciale Jury oecuménique
2002 Le Fils – Prix d’interprétation masculine / Mention spéciale Jury oecuménique
2005 L’Enfant – Palme d’or
2008 Le Silence de Lorna – Prix du scénario
2011 Le Gamin au vélo – Grand prix
2014 Deux jours, une nuit