LA VOIX DE L’AMOUR

« Her », le dernier film de Spike Jonze avec Joaquin Phoenix et la voix de Scarlett Johansson, est sorti au cinéma mercredi 19 mars. Une histoire d’amour totalement étonnante entre un homme et un programme informatique. 

L’histoire se déroule dans un futur proche. On imagine facilement donc une évolution des tendances actuelles où les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle est en plein essor. Et justement, tout commence avec une innovation technologique et la mise sur le marché d’un nouveau programme informatique, un système d’exploitation… une sorte de Siri (la voix de l’iphone !) développé et intelligent. Theodore (joué par Joaquin Phoenix), un artiste des mots (il travaille pour un site proposant d’écrire à votre place des lettres d’amour ou autres missives familiales. Une situation créant un paradoxe criant dans cette histoire entre le son et l’écrit… entre les nouveaux moyens de communication et les anciens qui deviennent presque de l’art), un gentil romantique passant par une phase de déprime et de solitude au seuil d’un divorce extrêmement douloureux, choisit de tenter l’expérience… il opte pour une voix féminine… ce sera celle de Samantha, sensuelle et drôle à la fois, interprétée par Scarlett Johansson… et là la « love story » commence ainsi.

 

Beaucoup de critiques ont déjà était écrites sur ce magnifique film. Et personnellement, je vous recommande celle de mon ami Vincent Mieville sur son blog. Inutile donc pour moi de redire les mêmes choses, arrivant un peu en retard sur le sujet. Mais juste envie donc d’exprimer là un ressenti à la sortie de cette séance. Celui d’un moment de bonheur simple et agréable. Oui, ce film m’a fait du bien !

Il faut vous avouer que je suis très sensible à la voix. À la fois de part le travail que j’ai pu et fais encore avec, de part la formation que j’ai pu avoir (avec plusieurs professeurs de diction, théâtre, communication et chant qui ont eu un fort impact en moi) et peut être aussi tout naturellement par une sensibilité personnelle. C’est pourquoi justement, j’apprécie autant la radio et prends autant de plaisir à en faire encore, à chaque fois que l’occasion et la disponibilité se présente. Aimer une voix qui devient présence et absence en même temps… partager avec elle, cheminer paisiblement, réfléchir à la vie… C’est l’expérience de Théodore et celle aussi finalement de Samantha, avec des spécificités particulières qui apparaissent tout au long du film et ce jusqu’à un rebondissement retentissant que je me préserverai de vous dévoiler.

Un film très riche à différents niveaux : Esthétisme de la photo, qualité des dialogues, scénario extrêmement original, musique (avec la présence du groupe Arcade Fire entre autre) et jeu d’acteur formidables et à propos. Mais aussi par les thématiques abordées directement ou de façon plus suggestives : les relations humaines, l’individualisme (tellement fort ces scènes de rues où chacun marche parlant à son OS… une foule plein d’individus solitaires… avenir ou déjà présent ?), le sens profond de l’amour, le respect de l’autre (qui peut aller jusqu’à l’effacement…) et bien sur l’évolution de la société technologique. Que de richesses ! Alors, comme rien n’est jamais parfait… on pourrait éventuellement trouver parfois le temps un peu long au milieu du film. Ce ne fut pas mon cas personnel, mais cela peut s’envisager et s’entendre, sans doute à cause du rythme et de l’évolution tout en douceur de la relation entre Théodore et Samantha.

Ah, au fait… Théodore dans son étymologie signifie « don de Dieu ». Une idée intéressante à garder en tête, sans aucun doute, pour découvrir ce film d’amour, pas comme les autres.