La femme au tableau… parce qu’elle le vaut bien
Raconter un récit historique, qui de plus passe par huit années de combats juridiques entre une vieille femme et un état, n’assurait pas forcément de livrer un grand film… Le pari fut pourtant relevé et gagné par le le réalisateur anglais Simon Curtis, avec le film La femme au tableau (Woman in gold), après avoir précisément vu un documentaire de la BBC sur cette histoire peu banale.
Cette histoire, c’est celle de Maria Altmann, octogénaire Juive américaine d’origine viennoise, et de son jeune avocat, Randol Schoenberg, et surtout de leur long et insensé combat pour récupérer cinq tableaux de Gustav Klimt volés par les nazis à sa famille et légués après la guerre à l’Etat autrichien dans des conditions testamentaires troubles. Au cœur de cette histoire, en particulier, le célèbre portrait d’Adele Bloch-Bauer (sa tante) également appelé La dame en or comme l’évoque l’ouverture du film avec ses feuilles d’or utilisées par l’artiste pour peindre cette œuvre.
La femme au tableau est pour moi en tout point magnifique et plein d’équilibre, comme une toile parfaitement réalisée. Un film évidement d’une immense sensibilité qui ne tombe jamais dans le larmoyant trop facile. Un film utile d’un point de vue du récit historique, qui s’avère toujours être d’actualité par différentes affaires récentes et toujours en cours. Un film qui permet de redire intelligement l’horreur d’une période sombre de l’histoire et de la souffrance subit par tant de familles. Un film beau aussi tout simplement tant par l’image et le son (Martin Phipps et Hans Zimmer à la BO !) que par les personnages portés par un casting remarquable.
Sur ce dernier point mentionné, il est clair que Simon Curtis a su s’entourer d’une équipe de comédiens chevronnés collant parfaitement aux différents rôles. Bien sûr les deux principaux protagonistes tout d’abord, Hellen Mirren dans le rôle de Maria qui illumine par ses postures et surtout son regard, et Ryan Reynolds à ses côtés jouant ce jeune avocat avec une parfaite maitrise et juste l’émotion nécessaire quand il le faut. Mais les seconds rôles eux aussi donnent une intensité à toute l’histoire, tant dans l’aujourd’hui du récit que dans le passé raconté. Charles Dance, Justus von Dohnány, Tatiana Maslany, Katie Holmes, Daniel Brühl, Frances Fisher, Alan Corduner… un casting international impressionnant qui s’avère être une vraie richesse permanente pendant l‘1h50 que dure le film, comme les feuilles d’or sur la toile de Klimt.
La femme au tableau raconte donc une histoire précise, mais il permet aussi d’aller plus loin en amenant chacun à réfléchir au passé, aux racines qui forgent en partie ce que nous sommes. La question du choix est aussi très pregnante dans diverses situations : choisir de partir quite à vivre le sentiment d’abandon, choisir de se battre et pourquoi, choisir de croire en des valeurs ou préférer le confort et la tranquilité proposés. Et enfin, c’est l’importance de l’art qui est rappelée à la fois comme témoignage d’une histoire mais aussi comme accompagnateur de la vie, expression de liberté et initiateur d’émotions indispensables à l’existence humaine.
Si le jeune avocat est d’abord sceptique par ce qui lui est proposé, il saura se laisser convaincre par cette attachante vieille dame tandis que celle-ci lui raconte sa jeunesse tourmentée, l’invasion nazi, la spoliation des tableaux de sa famille, jusqu’à sa fuite aux États-Unis. Saurez-vous, vous aussi vous laisser séduire par ce film en or ?…