Deux mois avant sa sortie, Le Festival de Cannes avait la primeur d’un film d’animation attendu par le plus grand nombre, l’adaptation par Mark Osborne du « Petit Prince », le conte d’Antoine de St Exupéry.
Il fallait de l’audace pour s’attaquer à ce sublime monstre… trop court pour en faire un long métrage. Le choix du réalisateur fut alors, et c’est là sans doute la grande idée de ce film, non pas de broder l’histoire avec tout le risque de dénaturer l’original, mais d’inventer une autre histoire dans laquelle va pouvoir prendre place celle du Petit Prince et des ses personnages si typiques. Et cette autre histoire, contenant du conte de St Ex, peut être vue comme une forme d’appropriation du contenu. Osborne nous entraine dans la vie d’une petite fille qui va voir ses vacances studieuses être bouleversées par la rencontre d’un vieil aviateur original (on inverse les rôles autrement dit) qui va lui faire découvrir l’histoire du Petit Prince, et par maintes aventures lui permettre de comprendre qu’on ne voit bien qu’avec le cœur.
Plusieurs univers se confrontent. Celui de l’adulte pris dans un engrenage façon « temps modernes » dans une ville qui a perdue ses étoiles et celui de l’enfance rieuse, joueuse et innocente. C’est aussi une opposition entre le réalisme cartésien et la part donnée à l’imagination et aux rêves où tout devient possible. Et cette capacité à imaginer est transcendée par la construction même du film par Osborne. Ce sont comme des chemins de traverse, des ouvertures vers le rêve qui font échapper continuellement l’histoire pour rejoindre celle du Petit Prince. La poésie est présente, la musique est porteuse, et le visuel en 3D donne du charme aux dessins d’origines que l’on retrouve aussi comme un ancrage à l’œuvre de St Ex. Et ça le fait… la preuve : voir une journaliste assise à côté laisser couler quelques larmes quand le mot FIN apparaît sur l’écran.
Merci M. Osborne de nous permettre de rêver, de s’envoler comme porté par ses oiseaux, de laisser se fermer les yeux pour laisser s’ouvrir le cœur.