Parlons cuisine ! D’après une enquête très sérieuse cherchant à connaître les plats préférés des français, on arriverait à un trio gagnant composé de la Blanquette de Veau, du Couscous, et des Moules Frites !
Alors j’ai une confession à vous faire… je place personnellement le couscous en premier et la Blanquette en deuxième position. J’aime beaucoup les moules aussi mais je préfère les préparer de façon un peu plus élaborée ou alors à l’inverse, traditionnellement façon charentaise… sous la forme d’une bonne éclade.
Mais c’est de couscous que nous parlerons car c’est lui qui a fait le buzz ces jours passés. Un couscous qui s’est ingéré dans certaines recettes politiques. Tension extrême en effet en France au Front national : souverainistes et identitaires se sont enflammés toute la semaine dernière autour d’une photo publiée sur Twitter d’un des cadres du parti extrémiste, Florian Philippot, dégustant avec des amis un couscous dans un restaurant de Strasbourg. Le « couscousgate » était lancé ! On l’accuse d’être un « infiltré » et d’autres estiment que les philippotistes sont « hors-sol », éloignés du terroir et de la tradition française « bien de chez nous ». S’ensuit alors un débat complètement surréaliste, durant lequel les proches de Philippot combattent à la fois la stupidité des accusations qui leur sont portées… et le fond de ces critiques, en tentant de prouver que manger du couscous n’est pas une attitude de traître à la nation. On croit rêver !
Et en début de semaine, le vice-président du FN a jugé que ses détracteurs étaient des « crétines et crétins » ajoutant je cite : « Je rappelle que ça a été amené en France par les pieds-noirs. C’est désolant, c’est navrant mais ça ne m’empêchera pas de continuer à manger du couscous. »
Tout ça m’inspire divers sentiments :
– D’abord le dégoût évidemment. Écœuré de voir encore et toujours ces questions de racisme, de haine, de rejet, continuent à faire l’actu. Alors ici en France et ça me désole… mais tout autant autours de nous et loin de nous. Notre monde a tant besoin d’apprendre l’amour !
– Et puis en regardant d’un peu plus près et dans le prolongement du dégout premier, ce sont ces arguments fallacieux pour essayer de se dédouaner. Le couscous serait français parce qu’amené par les pieds-noirs. Bon, on ne va pas faire d’histoire là, car finalement on s’en fiche ici dans cette situation. Ça me rappelle aussi ces fameuses répliques souvent reprises par des humoristes : Moi je ne suis pas raciste… je mange du couscous. Ou moi je ne suis pas raciste, la preuve, je vais régulièrement au restaurant chinois. No comment…
– Enfin, en élargissant encore davantage. Le besoin que nous avons tous de nous libérer des fausses idées, des fausses représentations, de ces stéréotypes qui peuvent parfois avoir du vrai mais qui sont terriblement réducteurs : Vous savez… le français râleur, l’africain fainéant, l’arabe voleur, les filles plus intelligentes que les garçons, mais les blondes particulièrement stupides etc. On peut éventuellement en sourire mais, pitié, ne nous laissons pas dicter nos vies par ces idées emprisonnantes.
Finalement derrière cette dernière remarque, en particulier, nous pouvons entendre un appel à vivre la grâce. Cette grâce qui brise tous ces stéréotypes et surtout beaucoup d’autres plus intimes encore et terriblement dévastateurs ! Une grâce qui affirme que notre identité échappe à ces visions partielles, réductrices, standardisées qui nous enferme. D’autant plus que nous tirons une part de notre identité de Dieu qui échappe à toute détermination des hommes. Et parce que Dieu échappe à nos définitions, à nos prévisions, à nos pronostics, nous pouvons échapper, nous-mêmes, à ce que l’on voudrait faire de nous.
Et la preuve, c’est que l’on peut manger du couscous à Strasbourg, et que d’ici peu, j’irai sans doute déguster une bonne choucroute à Bordeaux en buvant une bonne bière d’abbaye belge.
Bon appétit !