Sur un festival comme Cannes, vous pouvez passer à côté d’un film pour diverses raisons qui vous empêchent d’assister à une projection. C’est ce qui m’est arrivé cette année avec Bird People. Séance de rattrapage hier et pas déçu du tout !

 » Aujourd’hui, c’est décidé : je change de vie ! «  Ce pourrait être le sous titre générique du nouveau film de Pascale Ferran. Un changement qui s’opère parfois de diverses façons… de gré ou de force !

Le point de départ de l’histoire se résume ainsi :

En transit dans un hôtel international près de Roissy, un ingénieur en informatique américain, soumis à de très lourdes pressions professionnelles et affectives, décide de changer radicalement le cours de sa vie. Quelques heures plus tard, une jeune femme de chambre de l’hôtel, qui vit dans un entre-deux provisoire, voit son existence basculer à la suite d’un événement surnaturel.

Deux personnages que tout oppose vont ainsi se croiser. Cette zone de transit va le devenir concrètement pour leurs existences. Et le spectateur devient observateur de ces histoires et les suit en s’immisçant indiscrètement au plus profond des pensées. C’est d’ailleurs de cette façon insolite que Pascale Ferran nous plonge dans son film. Entendre les pensées si plurielles des usagers des transports en commun parisien. 

 

Avec Bird People, c’est une sorte de conte contemporain « poético-philosophique » qui s’écrit doucement avec la tendresse d’une plume qui caresse le papier à l’image de cet aquarelliste asiatique rencontré au beau milieu de l’histoire. Des mots, des pensées, des images qui parlent de fuite qui peut paraître lâche ou courageuse. Tout dépend du regard que l’on porte aux choses. Et c’est d’ailleurs précisément sur ce registre du changement d’angle de vision que se vivent ces heures racontées. Prendre autrement sa vie en main au risque même de choquer, de blesser ou au contraire tout lâcher et prendre de la hauteur, s’envoler… avec alors le risque de se faire dévorer ou de se perdre.

Les choses ne sont en tout cas pas toujours ce qu’elles paraissent… Mais pour s’en rendre compte, faut-il encore être prêt à changer d’orientation pour adopter un regard différent.

 

Si Bird People m’a parlé, m’a touché, il peut aussi parfois sembler un peu long. Défaut que je trouve trop présent de vouloir en mettre toujours un peu plus chez tant de réalisateurs et finalement perdre un peu de son impact. Mais ce n’est qu’un léger bémol… le reste de la mélodie étant particulièrement intéressante et agréable. 

Mention particulière pour un moment difficile mais tellement révélateur de situations de crises sentimentales que celui de cet échange intime et douloureux par skype et à quelques milliers de kilomètres de distance entre cet ingénieur américain et son épouse. Un passage qui pourrait servir de support à des groupes de parole pour couples.

Une chose est sûre c’est que Bird People provoque une forme de décalage expérimental qui incite à la réflexion mais avec la délicatesse d’un vol de moineau au dessus du tourbillon d’un aéroport.

Prêt pour le voyage ?