Alors qu’une loi sur la famille se discute à l’Assemblée Nationale, le Festival de Cannes se penche aussi sur le sujet. Il faut dire que les relations familiales sont souvent le point de départ de nombreuses intrigues. Deux films qui viennent d’être présentés évoquent donc des situations assez dramatiques, de relations parents-enfants.
Tout d’abord c’est dans le contexte extrêmement particulier d’Hollywood que David Cronenberg situe l’action de Maps to the Stars. On est là dans du Cronenberg pur jus, où humour cinglant et violence glacante se cotoient comme un tableau aux couleurs éclatantes, plein de personnages totalement burlesques ou sortes d’icones du cliché : l’ex-actrice viellissante et aigrie, le « Justin Bieber » tête à claques, l’ignoble père kiné-gourou belle gueule, la fille rejetée-brulée-tarée virtuelle star d’un film gore de série B, et bien sur le beau gosse chauffeur de limousine (joué par Robert Pattinson qui passe, pour la petite histoire, de l’arrière à l’avant en l’espace d’un film de Cronenberg, de Cosmopolis à Maps to the stars).
Sur une histoire d’inceste entre frère et sœur, on découvre un monde où la violence frappe de toute part… violence des mots, des comportements, des actes… perfidie, hypocrisie, folie… avec un zest d’amour, parfois étrange tout de même. La famille éclate, s’écharpe, se détruit à la vitesse d’une étoile filante.
Avec Dohee-Ya (Une fille à ma porte) premier film de la réalisatrice coréenne July Jung, c’est l’extrème violence qu’inflige un père à Dohee, sa fille, qui sous tend l’intrigue où Youg-nam, une jeune policière de Séoul, transférée dans un petit village côtier, va tenter d’intervenir pour la protéger. Elle découvrira alors les différentes facettes de la personnalité de l’enfant et verra aussi son passé et ses failles ressurgir. Là encore, c’est une famille en déliquescence qui nous est présentée. On se confronte à l’alcoolisme, la violence, les rumeurs, et les conséquences psychologiques que tout cela peut engendrer. Les deux personnages féminins de l’histoire sont magnifiques d’authenticité et brillent sur l’écran. On regrettera peut-être la prestation de l’acteur jouant le rôle du père alcoolique, qui sur-joue allègrement… mais cela correspond sans doute à certains critères culturels qui le veulent.
Une famille en souffrance, qui explose de toute part… mais quelques lumières qui continuent à briller de temps à autres qui permettent tout de même d’espérer. La preuve, le dernier film des frères Dardenne, Un jour une nuit, mais je vous en parlerai dans mon prochain article qui lui sera entièrement consacré.