« Dheepan » le nouveau film de Jacques Audiard en compétition était très attendu pendant ce Festival de Cannes. Un film social, parlant d’immigration, de violence… qui me laisse un sentiment mitigé, me donnant envie de dodeliner de la tête à la manière des Sri-Lankais de l’histoire.

L’histoire de cette « pseudo famille » sri-lankaise constituée de force pour immigrer en France et se retrouver à vivre et travailler au cœur d’une petite cité devenue zone de « non-droit », où la police est totalement absente, est en effet jolie et intéressante. Les rapports entre cet homme et cette femme, ce faux couple, cherchant à s’intégrer, à survivre et plus simplement vivre ensemble sont touchants, et frappants d’authenticité. Leur fille de 9 ans, qui ne l’est pas en réalité, elle aussi doit apprendre à les connaître, les apprivoiser… et tous trois prisonniers de leur langue, marqués d’une culture autre, et surtout d’un passé de guerre et de souffrance sont face à un défi, celui de reconstruire une vie dans une autre forme de violence urbaine.

On avance avec eux dans leur intimité, leurs combats et l’émotion est au rendez-vous. C’est précisément là la réussite du travail d’Audiard dans ce projet. Mais il me semble que le décor de cette cité qui ressemble à l’univers de la série Gomorra « made in France » prend hélas le dessus et devient rapidement caricaturale, en particulier quand tout dérape… Enfin, sans en dévoiler plus, le final qui nous est proposé m’a déçu, emprisonnant une imagination qui aurait pu là trouver à prolonger l’histoire.

En résumé, si tout ne me semble pas parfaitement maitrisé, « Dheepan » reste une belle histoire qui fait sens, en particulier dans la période actuelle où les questions d’immigration font la une régulière des quotidiens. L’accueil des festivalier était d’ailleurs plutôt très positif et une présence dans le palmarès final ne serait pas une grande surprise. Mais…